Petite histoire de la langue néerlandaise

Petite histoire de la langue néerlandaise

Tu es intrigué par la langue néerlandaise ? Tu te demandes sûrement quelles sont ses origines : la réponse est ici !

Plus facile à apprendre qu’elle n’y paraît, la langue des Pays-Bas (ainsi que de la Belgique) n’est pas une exception culturelle ou linguistique. Elle découle d’un héritage riche, et est parlée par environ 25 millions de personnes rien qu’en Europe ! 

Les Pays-Bas ayant par le passé compté de nombreuses colonies, il n’est pas non plus étonnant de retrouver des traces du néerlandais dans des contrées éloignées : elle est même reconnue comme langue officielle au Suriname et sur l’île de Curaçao, dans les Caraïbes. 

Les prémices de la langue de Vondel

Contrairement aux idées reçues, le néerlandais n’est pas un dérivé de l’allemand, mais fait partie du même groupe de langues. Elle appartient à la catégorie des langues indo-européennes, tout comme l'allemand et l'anglais.

Les locuteurs du néerlandais aiment d’ailleurs à dire que leur langue a davantage influencé l’allemand et l’anglais, plus que ces dernières n’ont eu d’impact sur le néerlandais moderne !

Le néerlandais est en réalité une langue ancienne, puisqu’elle est une descendante du « bas-francique », la langue parlée par les Francs saliques. 

Pour comprendre les racines du néerlandais, il faut savoir que les Francs étaient une tribu germanique, scindée en deux populations, les Saliens, menés par Clovis 1er, et les Francs ripuaires. L’ethnie salique était présente sur le territoire de l’actuelle Belgique et des Pays-Bas, en dessous du Rhin, avant de former l’empire franc sous Charles le Grand. Une large frange de la population européenne avait donc pour langue quotidienne le « bas-francique ».

A partir du Moyen-Âge, ce « bas-francique » a muté pour devenir une version primitive (et très éloignée) du néerlandais moderne. Contrairement au latin, considéré comme la langue « noble » réservée à l’apprentissage et à la pratique de la religion, le néerlandais était à l’époque une langue populaire. Le néerlandais était alors désigné par le terme « Dietsc » ou « Duutsc ».

 La démocratisation de l’impression a par la suite permis de solidifier la structure du néerlandais et de dessiner les contours de sa forme actuelle.

Voyons dans le détail comment s’est formée la langue néerlandaise !

Les racines de la langue néerlandaise et de ses cousines européennes

Le néerlandais découle du même ancêtre linguistique que l’anglais, l’allemand, et les langues scandinaves, et que l’on appelle le « proto-germanique ». D’après les recherches linguistiques, qui ont comparé les langues entre elles et leurs similarités, il semblerait que le proto-germanique soit apparu entre -1000 et l’an 0, en Europe du Nord. Toutes les langues qui découlent du proto-germanique partagent des caractéristiques communes dans leur prononciation. 

C’est seulement à partir du 5ème siècle après J.-C. que les embryons des langues modernes se sont distinguées du proto-germanique.

La mutation du vieux francique au vieux néerlandais

Le vieux francique aurait été parlé jusqu’au 7ème siècle après J.-C. environ, sur l’ensemble du territoire des Francs : cette zone géographique était vaste, puisqu’elle couvrait ce qui correspond actuellement à la France, l’Allemagne et les Pays-Bas. 

Du mélange des différents dialectes co-existant dans l’empire est né la forme ancienne du néerlandais, à partir de l’an 500 après J.-C.

Ce que l’on appelle désormais la langue néerlandaise est dérivée du vieux néerlandais, dont on retrouve des traces dans la Loi Salique. Il s’agit d’un document du 510 après J.-C. qui mettait fin à la vengeance personnelle, en imposant la résolution des conflits par compensation pécuniaire. Quelques traces écrites du vieux néerlandais nous sont donc parvenues et nous ont permis de retracer l’émergence du néerlandais moderne.

Avant de parvenir à la langue que nous connaissons actuellement, le néerlandais s’est nourri de nombreux dialectes qui lui étaient proches ; entre le 12ème et le 15ème siècle, le néerlandais n’était pas encore unifié et aucune forme standard ne s’était imposée. On parle pour cette période linguistique de « moyen néerlandais », il regroupe notamment le flamand (parlé en Flandre), le brabançon (dont les locuteurs résidaient dans les provinces du Brabant, d’Anvers ainsi qu’en Belgique et en Wallonie), le hollandais (utilisé dans l’actuelle Hollande, c’est-à-dire la conjugaison de la Hollande septentrionale et de la Hollande méridionale), le limbourgeois (parlé dans le Limbourg), et le bas-saxon (que l’on retrouvait dans les provinces de Groningue, Drenthe, Gueldre, et Overijssel). 

L’harmonisation du néerlandais : l’apparition d’une langue moderne uniformisée

C’est pour renforcer leur identité nationale que les Pays-Bas ont mis l’accent sur la standardisation de leur langage. En effet, jusqu’aux 17ème - 18ème siècles, le néerlandais n’était pas un symbole d’une nation unie, puisqu’elle était morcelée en de multiples formes, malgré des velléités précédentes d’unifier la langue du pays (dès le Moyen Age : on en trouve la trace dès le 15ème siècle).  

C’est au début du 19ème siècle que le gouvernement néerlandais a déployé une politique de standardisation de la langue, en imposant une grammaire et une orthographe, qui devaient dès lors être utilisées par les écoles et administrations publiques. 

La place de l’école dans cette uniformisation a été cruciale : à compter de cette époque, les petits Néerlandais devaient obligatoirement s’exprimer et écrire selon les règles linguistiques établies, ce qui n’empêchait les élèves et leurs familles de continuer de s’exprimer dans le dialecte de leur choix même s'ils parlaient évidemment le dialecte entre eux en dehors de la classe. Toutefois, la politique du gouvernement a payé puisqu’au fur et à mesure du temps, et malgré la réticence de nombreux auteurs et intellectuels néerlandais, le néerlandais standard s’est imposé comme la langue de référence, bien qu’elle continue toujours de cohabiter avec des dialectes régionaux.  

Au point de vue, la langue néerlandaise a finalement peu évolué depuis la fin du 16ème siècle ; on constate aujourd’hui que la grammaire a été simplifiée, mais que les différences dans les expressions restent négligeables. Un voyageur (néerlandais !) dans le temps pourrait donc communiquer avec ses ancêtres sans trop de difficultés !

Le rayonnement culturel et géographique du néerlandais

Durant l’âge d’or de la culture néerlandaise, au 17ème siècle, les Pays-Bas ont exporté leur culture partout dans le monde : leurs auteurs, dramaturges, peintres, mais aussi leur langue, notamment par la colonisation.

La présence du néerlandais dans le monde explique le nombre de locuteurs élevé de cette langue, en des endroits variés du globe. 

La place du néerlandais de nos jours

On décompte plusieurs formes de néerlandais, selon la zone géographique dans laquelle cette langue est parlée ; on trouve ainsi :

  1. le néerlandais de Flandre (aussi appelé flamand),
  2. le néerlandais des Pays-Bas,
  3. le néerlandais de Bruxelles.

Le terme de flamand désigne tout à la fois le néerlandais de Flandre, et l’ensemble des dialectes locaux, dérivés du néerlandais, parlés sur le territoire du comté de Flandre. La variante belge du néerlandais est parfois également appelée « flamand » : il y a de quoi s’y perdre !

En bref, parmi les formes diverses de néerlandais, on trouve ainsi le brabançon, le flamand, le bas-saxon et le limbourgeois. En réalité, bien qu’il soit parfois considéré comme une langue distincte, le flamand demeure une variante de néerlandais. 

Ces variantes trouvent leurs particularités au niveau de l'accent et des constructions de phrases, qui diffèrent du néerlandais standard. 

Le néerlandais « standard » est donc la langue de référence des Pays-Bas, mais reste fortement imprégnée de références régionales : les Néerlandais désignent ce phénomène par le terme de « tussentaal » (en français, « interlangue »). Il s’agit de termes locaux, utilisés par les locuteurs de certaines régions, et que l’on ne retrouve pas de manière uniforme sur l’ensemble du territoire.

Il y a ainsi de nettes différences entre la langue néerlandaise selon le lieu où elle est parlée ! Et cela est d’autant plus vrai pour les formes de néerlandais parlées sur les territoires d’anciennes colonies. L’une d’entre elles est même reconnue, depuis les années 60, comme une langue à part entière : il s’agit de l’afrikaans. 

Le cas particulier de l’Afrikaans

La langue la plus connue dérivée du néerlandais est sans aucun doute l’Afrikaans.

Cette langue évoque immédiatement les paysages à couper le souffle d’Afrique du Sud. En effet, plus de 7 millions d’habitants y parlent nativement l’Afrikaans. Comment l’Afrikaans et le néerlandais sont-ils liés ? C’est suite à la colonisation de l’Afrique du Sud par les Pays-Bas que l’afrikaans a pris son essor. Elle est très similaire à l’allemand et au néerlandais, aussi bien phonétiquement que dans son écriture ; les différences entre le néerlandais et l’afrikaans résident surtout dans la grammaire, l’orthographe de certains mots et dans la construction des phrases. 

C’est à partir du 18ème que l’Afrikaans s’est réellement développée et a commencé à être reconnue comme une langue à proprement parler, avec ses spécificités, et non pas seulement comme un « patois ». Elle a été inculquée dans les écoles d’Afrique du Sud dès cette époque, et à partir du 19ème siècle, l’Afrikaans est apparue dans des publications, des livres et journaux d’Afrique du Sud. Actuellement, elle est même parlée dans d’autres pays, comme la Namibie et le Zimbabwe.